Entreprises zombies et impact sur leur trésorerie
Patrick SENICOURT nous envoie son article issu de la Revue Banque : « Entreprises zombies : les identifier, les compter, les analyser, les orienter »
Il plante le décor dès sa phrase introductive : « Nous nous découvrons soudain entourés de zombies. Des entreprises, bien sûr. Tout le monde en parle. Mais de quoi parle-t-on au juste ? Il s’agit d’entreprises en fin de vie, de « canards boiteux ». Il en existe sans doute. Mais combien ? Et à quel degré sont-elles mal en point ? Est-ce vraiment désespéré ? »
L’OCDE les avait définies comme ceci : « il s’agit « des entreprises dont le revenu opérationnel est insuffisant pour couvrir leur charge d’intérêts pendant trois années consécutives ».
Patrick nous explique que : « La notation des entreprises et les diagnostics explicatifs associés sont un bon indicateur de repérage et d’éclairage, sous l’angle statistique, et aussi comme mesure du degré de dégradation de la situation et de l’appréciation d’un potentiel retournement. »
Pour la Banque des règlements internationaux (BRI), la proportion d’entreprises zombies dans les pays de l’OCDE
est passée de 1 % en 1990 à 12 % en 2015. Dans cet intervalle, la crise des « Subprimes » de 2008 est passée.
Alors quid de leur évolution en 2020 ? S’approche-t-on de 20% d’entreprises zombies ? Différentes études sur les crises passées ces 20 dernières années ont montré qu’environ 18% des entreprises faisaient faillite à la sortie de ces périodes.
« France Stratégie estime que l’anticipation est la clé : « La détection en amont d’entreprises qui entrent dans une trajectoire de zombification peut aider à améliorer l’efficacité des procédures collectives ».
Pour Patrick SENICOURT, « Ces approches s’appuient donc largement sur l’endettement, son coût et la capacité d’une entreprise à assurer le service de sa dette jusqu’à son terme. À notre sens, la fragilité des entreprises ne se limite pas à la seule dette, même si l’ampleur ou l’accroissement de celle-ci est un facteur d’accélération vers la cessation de paiement. C’est d’ailleurs un mécanisme qui ne manquera pas de s’exprimer quand il faudra rembourser les PGE. »
Mais il note également que la fragilité des entreprises a de multiples autres sources :
- un BFR trop élevé
- des charges fixes trop importantes
- une faible capacité de négociation avec les clients et les fournisseurs…
- …qui se traduisent par une rentabilité insuffisante et donc une capacité insuffisante de remboursement de la dette.
La notation des entreprises devient alors un outil pour caractériser et identifier les entreprises zombies.
Pour connaître la suite de l’article de Patrick SENICOURT, cliquez sur ce lien.
Alors, combien d’entreprises zombies dans votre portefeuille ?
Pour faire un rapide point sur le portefeuille « à risque » du cabinet, vous pouvez checker :
- les entreprises déjà faibles début 2020 avant le début de la crise (problèmes de trésorerie, mauvaise rentabilité, résultat des comptes 2020 négatif…), visibles avec leur dernier bilan ;
- les entreprises faisant partie des secteurs les plus impactés par la crise sanitaire du fait de la baisse ou de l’arrêt de leur activité : HCR, tourisme, évènementiel, transports, automobile, intérim, construction/BTP, certains services à la personne et aux entreprises (mais pas tous), fabrication industrielle (certaines activités), commerce de proximité…
- les entreprises qui ont déjà largement consommé leur PGE et parviennent au bout des aides disponibles.
A moins que votre cabinet ne soit spécialisé fortement dans l’un des secteurs précités, il est fort probable que vous parveniez à 15 ou 20% de clients dans votre portefeuille !
Il serait alors intéressant (et urgent) de prendre un certain nombre de mesures préventives.
Votre plan d’action anti-crise sanitaire en 7 points
1/ Evaluez les honoraires à risque que représentent ces entreprises pour en évaluer l’impact ;
2/ Rentrez au plus vite les honoraires dûs par ces clients, relancez rapidement, demandez des chèques…
3/ Proposez au plus vite une mission à ces entreprises pour les rendre plus résilientes ou sauver les plus à risque : si vous n’avez ni le temps, ni les bras, nous pouvons vous procurer une liste de consultants spécialisés dans l’accompagnement des entreprises en difficulté ;
4/ Dotez votre cabinet d’un outil de prévision/suivi de trésorerie pour lui-même mais surtout pour équiper vos clients (pourquoi pas TurboPilot ?) ;
5/ Envisagez de proportionner vos équipes en relation avec la perte probable d’honoraires : la pénurie actuelle devrait se charger de vous y aider, malheureusement !
6/ Mettez en oeuvre de nouvelles techniques de captation de clients permettant de générer des prospects :
- sans contact physique (s’ajoutera à vos pratiques habituelles relationnelles) ;
- via une stratégie de différenciation définissant une offre irrésistible et un client idéal ;
- via un « tunnel de vente » construit en web marketing
7/ Réfléchissez à une refondation de votre business model en relation avec la perte probable des honoraires de la tenue comptable, ce qui devrait être progressivement résolu via le point 6/. Ce dernier point nécessite d’informer vos cadres et collaborateurs sur l’évolution rapide de la situation avec une vision positive de l’évolution vers plus de services et de conseil (voir cet article des Echos : « Inquiets pour leur avenir, les experts-comptables se projettent en consultants »).